Un premier méga-paiement aux créateurs dont les œuvres ont servi à l’entraînement de l’IA
En septembre 2025, Anthropic, l’un des leaders de l’intelligence artificielle, s’apprête à marquer l’histoire du droit d’auteur avec un accord qualifié de « remarquable » : l’entreprise a accepté de verser au moins 1,5 milliard de dollars, plus intérêts, à des milliers d’auteurs dont les ouvrages ont été utilisés pour entraîner ses modèles d’IA. Si la justice valide le règlement, chaque œuvre concernée devrait donner droit à environ 3 000 dollars à ses auteurs ou ayants droit.
Cet arrangement inédit constitue le plus grand dédommagement public jamais rapporté dans un contentieux pour violation de droits d’auteur aux États-Unis. Le nombre de bénéficiaires pourrait atteindre près de 500 000, et si ce chiffre est dépassé, Anthropic paiera 3 000 $ supplémentaires pour chaque œuvre supplémentaire déclarée. En outre, la société devra détruire toutes les copies originales téléchargées et utilisées pour l’entraînement, ce qui souligne la portée de ce règlement.
Une saga légale qui redéfinit le marché de l’IA et du droit d’auteur
Tout commence à l’été 2024, lorsque trois auteurs (Andrea Bartz, Charles Graeber et Kirk Wallace Johnson) accusent Anthropic d’avoir « bâti un empire de plusieurs milliards en s’appropriant des centaines de milliers de livres protégés », certains provenant même de bibliothèques numériques pirates. En juin dernier, le tribunal fédéral avait jugé légal l’entraînement d’IA sur des livres achetés, mais avait maintenu les poursuites pour les fichiers téléchargés illégalement.
L’accord conclu aujourd’hui ne vaut que pour les actes passés, aucune autorisation n’est accordée pour de futurs entraînements ni pour des œuvres publiées après le 25 août 2025. Un site dédié, AnthropicCopyrightSettlement.com, recensera prochainement toutes les œuvres couvertes et permettra aux ayants droit de s’informer et de déclarer leurs œuvres pour obtenir réparation.
Des conséquences majeures pour le secteur de l’IA et la création
Alors que les procès pour violation de droits d’auteur ciblent aussi OpenAI, Microsoft ou Meta, ce règlement ouvre une nouvelle ère : celle des partenariats, mais aussi celle d’une reconnaissance du droit des créateurs à contrôler l’usage de leurs œuvres dans les modèles génératifs. Pour les médias, éditeurs ou créateurs, cela signifie aussi une nouvelle voie vers la rémunération ou la négociation avec les géants de l’IA.
Anthropic n’est pas étrangère à la controverse. Elle a notamment dû faire face à des plaintes de Reddit pour extraction massive de données, ou de labels musicaux comme Universal pour utilisation illicite de paroles de chansons dans ses systèmes. Ce règlement permet à la société de se prémunir contre un procès à très haut risque et marque un jalon dans le dialogue entre tech et création.
Une étape qui ne ferme pas le débat
Malgré son ampleur, l’accord ne crée pas de précédent juridique, mais il fixe un « prix » public et concret pour l’utilisation non autorisée de contenus dans l’IA. Il ouvre la porte à d’autres négociations et pourrait accélérer le développement de plateformes de licences ou de partenariats, dans l’esprit de ce qui s’est passé après l’ère Napster pour la musique. De nombreux acteurs, de la Guilde des auteurs aux avocats spécialisés, saluent ce règlement qui place enfin les créatifs au cœur du débat sur l’innovation algorithmique.
La Cour doit approuver ce règlement, et la liste complète des œuvres concernées sera prochainement en ligne pour les ayants droit qui souhaitent en bénéficier.

